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Les coûts cachés de l’alimentation représentent 10 % du PIB mondial

Dans son rapport annuel, la FAO rappelle qu'une alimentation trop grasse ou trop salée expose à des risques d'obésité.

Dans son rapport annuel publié le lundi 6 novembre 2023, la FAO fait part des coûts cachés de l’alimentation. En tête, la mauvaise alimentation, cause de maladies comme l’obésité ou le diabète qui coûtent plus de 5 400 milliards de dollars.

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Obésité, baisse de productivité, émissions de gaz à effet de serre… Les systèmes agroalimentaires actuels font peser des coûts cachés sur la santé, l’environnement et la société s’élevant à plus de 10 000 milliards de dollars par an (9 300 milliards d’euros), estime l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Opérer d’éventuels ajustements

L’agence se livre pour la première fois à cet exercice de quantification, pour 154 pays, dans son rapport annuel sur la « situation mondiale de l’alimentation et l’agriculture », publié le lundi 6 novembre 2023. Le but est de disposer de meilleures informations sur « le coût véritable des aliments » pour opérer d’éventuels ajustements en termes de fiscalité, subventions, législation ou réglementation.

Selon les calculs de la FAO, près des trois quarts des coûts cachés sont liés à une mauvaise alimentation : trop riche en graisses, en sucres ou en aliments ultratransformés. Elle peut être cause d’obésité et de maladies comme le diabète, qui conduisent à leur tour à des pertes de productivité. Ces problèmes touchent particulièrement les pays aux revenus les plus élevés. Si la majeure partie des coûts cachés concerne l’alimentation, « elle ne doit pas détourner l’attention des coûts cachés sociaux et environnementaux », enjoint l’institution.

Un cinquième des coûts liés à l’environnement

Environ 22 % des coûts cachés sont liés à l’environnement, la FAO comptabilisant les émissions d’azote et de gaz à effet de serre, les changements dans l’affectation des terres comme la déforestation ou l’utilisation d’eau. La Colombie, la Turquie et le Brésil sont particulièrement concernés par les émissions d’azote, deuxième coût caché après la mauvaise alimentation.

Tous les pays sont touchés et, selon la FAO, ces coûts sont probablement sous-estimés. Les coûts cachés liés à la pauvreté des personnes travaillant dans l’agroalimentaire et la sous-alimentation, un peu moins de 5 % du total, pèsent particulièrement dans les pays aux faibles revenus. En Ouganda et à Madagascar, la pauvreté couvre les trois quarts des coûts cachés.

Selon l’analyse de l’organisation, ils ont atteint 12 700 milliards de dollars (11 820 milliards d’euros) en 2020, soit environ 10 % du PIB mondial une fois prises en compte les différences de coût de la vie entre pays (à parité de pouvoir d’achat). Ils pèsent beaucoup plus lourd dans les pays à faibles revenus, où ils représentent 27 % du PIB, contre 11 % dans les pays à revenus moyens et 8 % dans les pays à revenus élevés.

Le Japon et la Corée se distinguent avec seulement 5 % et 4 % de leur PIB de coûts cachés. Au contraire, les pays avec le plus de difficultés sont d’abord la République démocratique du Congo, où ils pèsent pour 75 % du PIB national, Madagascar (59 %) et le Mozambique (57 %), avec la pauvreté en tête des coûts cachés.

Données sur les pesticides manquants

La FAO reconnaît cependant que certaines données manquent et que certains impacts sont exclus comme l’exposition aux pesticides, la dégradation des terres, la résistance aux antimicrobiens ou les intoxications alimentaires. Il est aussi compliqué d’évaluer des critères comme l’utilisation des pesticides pour augmenter la productivité, qui peut à la fois réduire la pauvreté mais aussi conduire à une dégradation écologique sur le long terme, remarque l’organisation.

Pour faire ses estimations, la FAO affirme avoir intégré des « bénéfices cachés » tout en reconnaissant que certaines notions, comme l’identité culturelle liée à la nourriture, ne peuvent pas être monétisées. En prenant en compte tous ces éléments pouvant affecter son analyse, elle estime toutefois « très probable » que les coûts cachés s’élevaient en 2020 à « au moins à 10 000 milliards de dollars ».

Prendre en compte tous les coûts cachés de la production alimentaire ferait-il bondir les prix ? Cela dépend des coûts cachés visés et des instruments utilisés, répond le rapport. Ils pèsent beaucoup plus lourd dans les pays à faibles revenus, où ils représentent 27 % du Produit intérieur brut, contre 11 % dans les pays à revenus moyens et 8 % dans les pays à revenus élevés.

Subventions

Il est par exemple possible d’imposer des taxes ou des réglementations aux agriculteurs ou industriels de l’alimentation pour les inciter à s’éloigner des pratiques environnementales les moins vertueuses, tout en leur donnant des conseils sur la façon de limiter ces coûts, avance l’organisation. « Rediriger les subventions a le potentiel d’améliorer la soutenabilité environnementale et la santé publique sans réduire le bien-être économique », défend la FAO.

Une estimation initiale des coûts cachés ayant été réalisée, l’organisation prévoit de consacrer son rapport annuel de 2024 à des évaluations ciblées approfondies, dans le but de mettre en évidence les meilleures façons d’agir.

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